La voilà la grande question que l’on nous pose souvent. La facilitation c’est quoi ? Tu es facilitatrice de dynamiques collaboratives ? Oui et concrètement ?
Donc le moment est venu de me lancer dans l’explication de ce qu’est pour moi la facilitation. Et étant donné que je ne suis pas seule dans l’équipe de La Facilitation, je mets aussi à contribution Karine et Tiana pour qu’elles partagent elles aussi leur définition et leurs partis pris.
Alors que signifie ce mot Facilitation.
Selon le dictionnaire la facilitation, c’est l’acte de faciliter. Nous voilà plus avancer…
Selon wikipédia, « la facilitation peut être vue comme un ensemble de fonctions dynamiques qui sont exécutées avant, pendant et après une rencontre pour aider un groupe à atteindre ses objectifs. La facilitation peut aussi se comprendre comme un art énergétique relationnel au sein d’un groupe. »
Je ne sais pas vous, mais je n’y vois pas plus clair pour autant.
L’IAF (Association Internationale des Facilitateurs) reprend la définition de Roger Schwarz que Jean-Philippe Poupard a traduite ainsi : « la facilitation de groupe est un process dont le choix est acceptable pour tous les membres du groupe, suffisamment neutre et qui n’a aucune autorité décisionnelle, diagnostique et intervient pour aider un groupe pour identifier, résoudre les problèmes, prendre des décisions et pour augmenter l’efficacité du groupe. »
Et maintenant… que vais-je faire ???
Alors si je me lance dans ma propre définition, la facilitation c’est pour moi la mise en dynamique d’un groupe en intelligence collective. Et cette intelligence collective va permettre de définir un but, des objectifs, de mettre en œuvre des plans d’actions, de solutionner des problèmes, d’être créatif, d’innover, de fédérer… Il existe d’ailleurs 4 types d’ateliers collaboratifs qu’un facilitateur anime : pour faire un diagnostic, trouver des solutions, définir un plan d’actions, et prendre des décisions. Ca signifie qu’il y a un avant, un pendant et un après d’une séance. Préparation, Animation, Livrable.
Si je me risque à une métaphore, le facilitateur ou la facilitatrice est donc la personne qui va orchestrer tout ça, qui va définir un cadre et qui va faire en sorte que chaque participant fasse parti d’un groupe pour jouer une partition de musique. Chacun contribue, joue de son instrument, chacun co-construit une œuvre collective pour réaliser un récital ou un concert qui va soulever les foules, qui va susciter de telles émotions pour soi, pour ses collègues musiciens que pour le public (ici les clients ou le CODIR par exemple) que tout le monde va se lever pour applaudir et en redemander !
Et le chef d’orchestre sera le lien, l’organisateur, le garant du cadre.
Et pour créer cette émulation, il adopte des postures différentes selon les contextes, selon les musiques à jouer. C’est-à-dire qu’il accompagne son groupe, il n’est pas le chef, il accompagne chemin faisant, il s’adapte en permanence à son groupe pour qu’il puisse avancer en confiance et en authenticité. C’est en ce sens que le facilitateur est garant du processus, qu’il est neutre, qu’il n’est pas un participant, qu’il ne donne pas son avis, qu’il ne décide pas, il écoute, il capte tous les signaux, ce qui sont exprimés, ressentis. Et pour amener le groupe qu’il accompagne, il s’appuie sur des outils d’intelligence collective, des jeux, du visuel, il scénarise, il crée des séquences, des ateliers pour préparer ses musiciens, pour qu’ils prennent plaisir à jouer entre eux, et donc il choisit quels outils, les adapte en fonction des objectifs à atteindre, en fonction de la qualité, de la maturité ou même de l’énergie de son groupe de musiciens et de chanteurs.
Et pour être efficace, atteindre les ambitions que le groupe lui a fixé, que le public attend du concert, le chef d’orchestre anticipe, questionne, cerne les attentes, et prépare au millimètre ses partitions pour être en mesure d’improviser, de s’adapter…
Et ce qui est génial aussi dans la facilitation, c’est que ça fonctionne à distance. Toujours comme la musique que rien n’arrête. Nous avons tous participé pendant le confinement à des concerts donnés en live, à distance, où chaque musicien ou chanteur était à son domicile et la synergie était au rendez-vous. Alors qu’est-ce que ça va être en concert.
En facilitation, le parallèle est aussi le même pour moi. Le distanciel va permettre de faire évoluer nos pratiques car oui c’est possible. Les outils le permettre de manière très qualitative et interactive désormais. Et je pense qu’il faut considérer le distanciel comme un levier fort pour magnifier le présentiel. Car ce que nous allons vivre en présence aura dorénavant une autre saveur, le son d’une salle de concert n’est jamais le même que celui qui sort de nos enceintes à la maison. Il en est de même pour l’énergie sur scène et dans la salle.
D’autres approches comme l’éducation populaire ou le coaching partagent certaines visions de la facilitation mais des différences subsistent.
L’éducation populaire consiste en des démarches collectives, qui nous amènent à prendre du recul sur les situations insatisfaisantes voire insupportables que nous rencontrons, à les analyser, à travailler ensemble les contradictions qui sont en jeu, à définir les modes d’action pour transformer ces situations. L’éducation populaire s’inscrit plus une démarche à long-terme. Elle nous invite à prendre le contrôle de nos actions, et implique de sortir de notre entre-soi pour aller vers une auto-organisation des personnes et des groupes sociaux qui sont habituellement exclus des cadres de réflexion et de décision. L’action et la lutte ont en elles-mêmes une valeur pédagogique : agir et avoir une réflexivité sur son action, cela doit nous permettre de créer une culture et des pratiques politiques, et c’est cela, l’éducation populaire. Paulo Freire exprime parfaitement la posture d’éducation populaire dans sa phrase « Personne n’éduque personne, personne ne s’éduque seul, les Hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde ». La posture d’éducation populaire est une posture d’accompagnement. Il ne s’agit pas de transmettre, et encore moins de convaincre, mais d’accompagner la production d’une pensée critique, en partant de là où en sont les gens, et non pas de là où on voudrait qu’ils en arrivent. Les accompagnateurs d’éducation populaire n’assènent pas des vérités, ils ne disent pas aux gens ce qu’ils devraient penser : ils invitent au questionnement, en se raccrochant au réel et aux vécus des personnes.
Selon Vincent Lenhardt, le métier de coach peut être défini comme une aide offerte à travers des accompagnements au profit d’une personne, d’une équipe ou d’une organisation. Cette aide vise le développement du potentiel de l’entité accompagnée à travers la préparation d’un projet ou d’une action et la résolution des difficultés rencontrées par cette entité ». Dans la démarche de coaching, on se questionne beaucoup sur l’analyse de l’individu, son fonctionnement, ses pratiques, à aujourd’hui, sans tomber dans la psychologie ou la psychanalyse, on n’étudie pas le passé. On reste dans le moment présent pour améliorer le futur.
Ensuite, il y a aussi le consultant. Le consultant est sollicité pour ses connaissances, pour son expertise, pour l’apport de savoir ou de solutions qu’il est capable de proposer, de préconiser… vis à vis des équipes, la posture du consultant est plutôt d’aller observer in situ, de noter, d’analyser lui-même ou avec ses propres collègues et de formuler des propositions d’actions. Il n’est pas de fait dans une démarche de « faire avec » alors que le facilitateur fait confiance au groupe. Le facilitateur considère que la réponse est entre les mains du groupe, des collaborateurs et il va les accompagner pour faire émerger ces idées. Une grande différence avec la posture du consultant.
Et le formateur
Le formateur peut sembler proche du facilitateur mais c’est une toute autre casquette.
Le formateur est là pour transmettre, pour apporter du savoir, des connaissances. Alors effectivement, il existe de multiples approches pédagogiques pour transmettre et faire monter en compétences. Et oui, le formateur peut utiliser des outils d’intelligence collective pour faire expérimenter, faire tester à ses apprenantes. C’est d’ailleurs notre parti pris à nous, équipe de la Facilitation, quand nous donnons des formations en management, en facilitation graphique, en intelligence collective, en gestion de projet, en RSE.
On n’arrive pas avec notre présentation ppt de 358 slides, assise derrière un bureau, à dérouler nos slides et éventuellement à demander à notre groupe si quelqu’un a une question. Non !! Surtout pas !! On s’épargne ça, pour nous et pour les groupes. Notre parti pris est bien de faire vivre, que les apprenants, les stagiaires testent pour analyser, s’améliorer et mieux s’en rappeler. Et puis le but d’une formation, c’est bien de repartir avec des pistes concrètes, des éléments que l’on peut réutiliser, mettre en œuvre dès le lendemain. Alors pour être confiant, pour mieux s’en emparer, quoi de mieux que d’essayer. C’est un peu comme quand on apprend une langue étrangère. On peut suivre des cours pendant des années sans maitriser, ou aligner quelques mots. Et si on part dans ledit pays, en quelques jours, quelques semaines, en étant dans le bain, on progresse, on prend confiance sur nos capacités, et on est dans l’action !! et ce parti pris pour moi est corrélé avec la posture de facilitateur. Il faut être dans l’action.
En conclusion, c’est difficile de résumer la définition de la facilitation à une phrase ou un tweet. Le mieux, c’est de vivre, d’expérimenter un atelier d’intelligence collective, animé par des super facilitatrices dynamiques, jeunes, avec le sourire. Vous serez ainsi en mesure de faire votre propre définition ! 😉